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LA CIOTAT:actualité politique,sociale,culturelle et économique de la Ciotat

ECOLOGIE: LA BIODIVERSITE A VENDRE ( Suite).


LES CIOTADENS PARLENT AUX

CIOTADENS

 

 

 

 

  NAGOYA: LE BAL DES FINANCIERS

 

Le marché de la nature

 

Le calcul du prix des « services écosystémiques »  n’a de sens que dans la logique qui postule que dés lors qu’on les monétarise, ils sont substantiellement équivalents,  échangeables, et que ces nouveaux marchés d’écosystèmes permettront une meilleure allocation des ressources. Postulats  lourds de conséquences, et pas seulement écologiques ! Les ressources se concentreront tout simplement entre les mains des économiquement puissants. Que l’on songe à la ruée vers les terres agricoles du tiers-monde, particulièrement d’Afrique, mais aussi d’Amérique latine et aussi d’Europe centrale. Au cours des cinq dernières années, plus de cent millions d’hectares de terres fertiles ont été rachetées, parfois par des fonds souverains, le plus souvent par des firmes transnationales et fonds d’investissement (3). En achetant des « crédits biodiversité » sous d’autres latitudes, les géants pourront continuer à piller là où ils exercent, et accapareront des écosystèmes ailleurs, voire, pourront capitaliser sur leurs « Réserves d’Actifs Naturels ». Déjà, pour compenser l’assèchement de nappes phréatiques provoqué en Inde, notamment au Kerala,  Coca-cola  restaure des rivières en Afrique.

 

Passer à une gestion globale, techno-financière de la planète, en mettant le scénario carte sur table, n’aurait sans doute pas entrainé l’adhésion de tous les gouvernements, encore moins des populations. Après la crise financière de 2008, il y a même fort à parier qu’on aurait envoyé ses partisans revoir leur copie. Voilà pourquoi l’affaire s’est préparée en douceur, lentement et par glissements sémantiques successifs. L’ironie, c’est qu’elle doit aboutir à Nagoya, avec la 10ème conférence des parties de la CBD. Une excellente Convention à la relecture, qui contient des articles aptes à tordre le cou à la biopiraterie, ou  encore engagent les 193 pays signataires à mettre fin, à l’horizon 2020, à toutes les subventions nuisibles pour la biodiversité. De quoi réveiller les géants du pétrole, de l’agroalimentaire, de la pharmacie et des biotechnologies ! Flatteries et financements aidant, ils ont su, au  travers d’agences de l’ONU qu’ils provisionnent via le Global Compact (4), appâter les scientifiques,  les faire contribuer à la gigantesque Evaluation des Ecosystèmes pour le Millénaire. C’était  pour mieux les coiffer au poteau par l’IPBES !

 

Une nouvelle gouvernance mondiale

 

L’IPBES ? Retenons ce sigle. L’Intergovernemental science-policy Platform on Biodiversity and Ecosystem Services, point 4.3 (c) de l’ordre du jour de Nagoya, se présente comme un GIEC de la biodiversité. Mais contrairement au groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat, l’IPBES aura un mandat politique, et de facto, un mandat  supranational. Aujourd’hui, la convention sur la diversité biologique oblige les multinationales qui veulent investir dans les ressources naturelles, à demander l’accord des États pour y accéder. L’IPBES leur permettra de s’exonérer de cette obligation. La nouvelle plate-forme entretiendra des relations directes avec les régions et les sous-régions, autrement dit les collectivités territoriales ou les communautés indigènes pour recenser, évaluer et contrôler la biodiversité et les « services écosystémiques ».

 

Plus précisément, l’IPBES sera chargée de « l’élaboration et l’exécution des politiques en identifiant des outils et des méthodes appropriés (…) avec les principales organisations scientifiques, les décideurs et les institutions financières (…) et d’autres parties prenantes telles que le secteur privé et des fondations »5. En résumé, la science, coiffée, en guise de politique, par la finance, tel est en substance l’arrangement institutionnel proposé. Autrement dit,  sous prétexte de les sauver, un chèque en blanc au capitalisme spéculatif sur tous les écosystèmes de la planète.

Ce scénario n’est peut-être pas inévitable. Le pire n’est jamais sûr. Mais il est urgent de se réveiller !

 

  

 

 

Agnès Bertrand, co-auteur de « OMC, le pouvoir invisible ». Fayard, 2003.       

Françoise Degert, journaliste

Notes :

1-      Programme démarré après le G8 de Potsdam sous présidence allemande, en mars 2007, piloté par l’économiste et banquier Pavan Sukhdev

2-      Titre d’un symposium international qui s’est tenu à Londres le 13 juillet dernier

3-      Source : www.grain.org

4-      UN and Corporations Fact Sheet”: http://www.corpwatch.org/article.php?id=928.

5-     Résultats de la conférence de Busan. UNEP/CBD/COP/10/12 28 juillet 2010 ; http:// www.cbd.int/cop10/ 

 

 

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20-copie-1.gifCOMITE ECOLOGIQUE DE SAUVEGARDE DE LA CIOTAT.


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