J'ai fait l'ouverture de ce lycée en 1967 : il n'y avait que deux classes de 2nde, soit environ 60 élèves. A cette époque, il s'appelait Lycée Virebelle. Deux ans plus tard, un conseil d'administration se réunit pour lui donner un nom. C'est le nom qu'il a aujourd'hui.
Cette proposition fut adoptée à l'unanimité moins trois voix qui trouvaient indécent que le lycée porte le nom de deux hommes qui avaient collaboré pendant l'occupation : M. Lovicchi (tiens, un corse !), prof de français proposa Lycée Jules Valles et les deux élèves (dont j'étais) étaient attachés au nom de Virebelle surtout parce que le journal que nous avions créé jouait avec les mots et s'appelait "Vie Rebelle" !
C'est le directeur, M. Pascal qui eut le dernier mot (son passé d'ancien résistant eut un certain poids moral) : "il faut oublier cette période de notre histoire". Aujourd'hui la tendance n'est plus à l'oubli. Que l'on reconnaisse aux frères Lumière leurs mérites dans l'invention du cinéma, que la ville de La Ciotat s'en enorgueillisse est un fait. Mais que l'on donne à un établissement scolaire (qui est censé représenter et inculquer certains valeurs républicaines à notre jeunesse) le nom de deux anciens collaborateurs pétainistes me paraît toujours intolérable. Voici, pour résumer, ce que l'on peut lire dans Wikipédia :
Le 22 mars 1935, Louis envoie sa photo dédicacée à Rome " À son Excellence Benito Mussolini, avec l'expression de ma profonde admiration". Dans un catalogue du secrétariat des Groupes Universitaires Fascistes, il évoque « l'amitié qui unit nos deux pays et qu'une communauté d'origine ne peut manquer d'accroître à l'avenir ».
Le 15 novembre 1940, il écrit, dans le Petit Comtois :
« Ce serait une grande faute de refuser le régime de collaboration dont le maréchal Pétain a parlé dans ses admirables messages. Auguste Lumière, mon frère, dans des pages où il exalte le prestige incomparable, le courage indompté, l'ardeur juvénile du Maréchal Pétain et son sens des réalités qui doivent sauver la patrie, a écrit : »
Pour que l'ère tant désirée de concorde européenne survienne, il faut évidemment, que les conditions imposées par le vainqueur ne laissent pas un ferment d'hostilité irréductible contre lui. Mais nul ne saurait mieux atteindre ce but que notre admirable Chef d'État, aidé par Pierre Laval qui nous a donné déjà tant de preuves de sa clairvoyance, de son habileté et de son dévouement aux vrais intérêts du pays« . Je partage cette manière de voir. Je fais entièrement mienne cette déclaration. »
Auguste Lumière siégea au conseil municipal de Lyon mis en place par le régime de Vichy en 1941 (il n'y fut cependant presque jamais présent). En juillet 1941, il fit partie du comité de patronage de la Légion des volontaires français (LVF) créée à l'initiative du Parti populaire français (PPF) de Jacques Doriot. Il mit donc « sa notoriété d'inventeur au service de la collaboration armée avec l'ennemi qui pillait, torturait, déportait, fusillait… ».
Louis Lumière est membre du Conseil national mis en place par Vichy.
Auguste et Louis Lumière reçurent tous deux la décoration de la Francisque.
IL SERAIT TEMPS DE RÉAGIR : LE DÉBAT EST OUVERT.