LES CIOTADENS PARLENT AUX CIOTADENS
Histoire des parcs nationaux en France
Dès le début du XXème siècle, la France a créé des parcs nationaux dans ses colonies, jusque dans ses terres australes et arctiques. Dans ces zones, la conservation de la nature était imposée aux populations.
Mais en métropole, il a fallu attendre la loi du 22 juillet 1960 pour lancer la création de parcs nationaux. Cette loi a cherché un compromis avec les habitants. Cinq parcs seront ainsi créés en France, de 1963 à 1973. Ils étaient constitués d’une aire protégée, appelée « zone centrale », et d’une « zone périphérique », mal définie.
Le territoire appartient toujours aux propriétaires, publics, c’est à dire les communes et parfois l’État, ou aux propriétaires privés.
Il reste que dans la « zone centrale » (on dirait le cœur du parc aujourd’hui), la loi interdisait la chasse, la pêche, la cueillette des plantes et le prélèvement de minéraux, et quasiment tout aménagement des pistes forestières ou dessertes d’estives ; les travaux de rénovation des chalets d’alpage, des bergeries et des bâtiments sont soumis à de longues procédures et une stricte réglementation. Les maires étaient dessaisis de leur pouvoir de police.
Ces contraintes sévères ont abouti à une « expropriation de fait » créant « un sentiment d’injustice (…) dans le cœur de ceux qui avaient jusque là gardé, avec jalousie et précaution, les temples de la nature », reconnaissait le député du Var, Jean-Pierre Giran, dans son rapport sur « les parcs nationaux » ; un rapport écrit pour justifier la réforme des parcs.
Or, cette expropriation se limitait à la « zone centrale », correspondant à peu près au 1/10ème de la superficie des parcs nationaux.
La réforme, conclue par la loi du 14 avril 2006, étend désormais les contraintes à la « zone périphérique ».
En effet, au lieu de tenir compte des critiques et de la désaffection de la population qui s’est manifestée dans tous les parcs nationaux, à l’exception de celui des Cévennes, le gouvernement et le Parlement ont englobé d’autorité la zone périphérique dans le périmètre des parcs nationaux. Ceux-ci comportent désormais « un cœur », ou plusieurs cœurs disséminés sur le territoire du parc, et une « aire d’adhésion » des communes (article 1er de la loi).
Par quel tour de passe-passe en est-on arrivé là ?
Il suffisait de faire croire que ce ne serait pas l’État, mais les élus, qui allaient gérer « l’aire d’adhésion » des parcs nationaux. On doit cette manigance au comité français de l’UICN (Union internationale de conservation de la nature), aujourd’hui présidée par François Letourneux, qui a fait voter les amendements par le Parlement.
Ainsi, les mêmes contraintes sont toujours en vigueur au « cœur » du parc. Pour l’aire d’adhésion, le conseil d’administration du parc adopte une « charte » applicable aux communes. Mais cette charte est, elle aussi, très contraignante. La supercherie consiste donc à faire voter ces contraintes par un petit nombre d’élus des communes noyés dans le conseil d’administration du parc.
En effet, depuis la loi de 2006, les communes sont sous-représentées dans l’administration du parc alors que le parc national occupe leur territoire. Pour les mettre en minorité, l’UICN a inclus dans le collège des élus, des départements, des régions et des intercommunalités. Or, seules les communes disposent du territoire ; ce que n’ont ni les départements, ni les régions, ni les intercommunalités. Ainsi, par ce tour de passe-passe, l’UICN a réussi à dessaisir les communes de leur territoire.
Mais de quoi se mêle l’UICN ?
Le gouvernement a signé le 22 novembre 2005 un accord de coopération avec l’UICN pour jouer un rôle d’expertise et de communication, appliquer la politique environnementale internationale, promouvoir la collaboration entre les secteurs publics et privés, assurer le suivi de la biodiversité. L’UICN prépare également les rencontres internationales auxquelles participe la France (Sommets du G8, Citoyens de la terre en 2007, etc…).
Quatre ans plus tard, l’accord a été renouvelé vendredi 18 septembre 2009. Il a été signé par Alain Joyandet, secrétaire d’Etat chargé de la Coopération et de la Francophonie, Chantal Jouanno, secrétaire d’Etat chargée de l’Ecologie, Marie-Luce Penchard, secrétaire d’Etat chargée de l’Outre-mer, et Jean-Michel Severino, directeur général de l’Agence française de développement.
http://cmsdata.iucn.org/downloads/resume_accord_cadre.pdf
E« Ce nouvel accord cadre, d’un montant de près de 8 millions d’euros, soutiendra des actions de gestion durable de la biodiversité dans les pays du Sud », a indiqué le ministère de l’Ecologie. « La crise actuelle de la biodiversité, exacerbée par les changements climatiques, exige une action globale immédiate à tous les niveaux de la société », a précisé Julia Marton-Lefèvre, directrice générale de l’UICN.
C’est donc l’UICN qui gère les relations internationales de la France sur le problème de la biodiversité, les aires protégées, les espèces menacées…
Cette association joue le rôle d’une agence de l’ONU. Son siège principal se trouve à Gland (Suisse), près du Programme des nations Unies pour l’environnement (PNUE). Le comité français de l’UICN est installé dans les locaux du Muséum national d’histoire naturelle, 26 rue Geoffroy Saint-Hilaire, Paris 5ème.
L’UICN fédère toutes les grandes ONG de l’environnement (WWF, Ligue Roc…) à l’échelon international. Elle en fait de même à l’échelon de chacun des États où elle a installé un comité.
Une trentaine d’associations de protection de la nature sont membres du comité français de l’UICN, ainsi que deux ministères, des fondations d’entreprises, des organismes publics et privés.
http://www.uicn.fr/-Les-Membres-.html
L’UICN, cheval de Troyes des transnationales et de la finance
La politique de l’environnement, qui émane de l’ONU, est directement appliquée chez nous par l’UICN. En particulier pour les aires protégées.
Or, l’UICN a la particularité de développer des relations avec les entreprises, soit pour récolter des dons, soit pour collaborer sur des actions.
Le comité français de l’UICN collabore ainsi avec GSM (granulats), EDF, GDF-Suez, Veolia –Environnement, Yves Rocher.
http://www.uicn.fr/Entreprises.html?var_recherche=partenaires
A l’échelon international, elle réunit quelques grands pollueurs de la planète (Shell, Sakhalin Energy investment company, Rio Tinto…) et autres entreprises que l’on retrouve également dans le World business Council for sustainable development (WBCSD) avec lequel l’UICN est partenaire.
http://www.iucn.org/about/union/donors/#priva (elle montre le minimum, mais le parten
http://www.iucn.org/search.cfm?uSearchTerm=world+business+council
http://www.developpementdurable.com/environnement/2009/09/A3006/biodiversite-la-france-poursuit-son-engagement-avec-luicn.html
D’ailleurs, c’est Julia Marton Lefèvre, directrice de l’UICN, qui a présenté le 13 juillet 2010, à Londres, le « TEEB for the business » (The economy for ecosystems and biodiversity), autrement dit l’économie des écosystèmes et de la biodiversité pour le monde des affaires. Ce rapport, a été co-rédigé par l’UICN et le banquier Pavan Sukhdev, chargé de donner une valeur à la nature. Il promet 1 100 milliards de $ de profits aux entreprises grâce à la biodiversité…
Comment ?
En mettant en place un système de compensation financière des dégâts provoqués à la nature.
Ainsi, une usine polluante aux Etats-Unis devra acheter des droits de compensation de la biodiversité. Ces droits passeront dans une banque de compensation et une chambre de compensation (telle Clearstream), pour être redistribués. Ils seront investis pour préserver des forêts, des aires protégées etc…
« L’UICN encourage les Parties (les États) à soutenir les efforts visant à développer la théorie et la pratique de la compensation effective de la biodiversité (…) » a-t-elle déclaré à Nagoya (18 au 29 octobre, conférence des États sur la convention de la diversité biologique).
http://cmsdata.iucn.org/downloads/cbd_cop10___position_paper___resource_mobilization___fr.pdf
Ce système de compensation s’inspire de la finance carbone mise en place en 2006.
Il a été expérimenté, sans succès, à Madagascar et en Indonésie.
Selon Alain Karsenty, chercheur au Cirad, il ne s’est imposé qu’aux petits paysans pour les dissuader de faire de la culture sur brûlis. Mais il n’a absolument pas empêché les grandes entreprises de détruire la forêt en Indonésie pour y planter des palmiers à huile.
1- La finance carbone n’a absolument pas réduit les émissions de gaz à effet de serre. En plus, elle a déjà subi plusieurs krachs financiers, outre quelques scandales retentissants.
2 - Le système de compensation ne servira qu’à faire entrer de l’argent dans les banques et les chambres de compensation. Il ne sauvera pas la biodiversité.
à deux dans l’île de Fernando do Noronho (Brésil) coûte… 20 000$.
Pour le fonctionnement des aires protégées, donc les parcs nationaux, l’UICN préconise « des mécanismes de financement novateurs impliquant le secteur privé (…) ».
http://cmsdata.iucn.org/downloads/cbd_cop10___position_paper___powpa___fr.pdf
P 3 du document.
« Il peut s’agir de mesures de compensation pour les biens et services fournis par les écosystèmes, tels que l’eau et le carbone, pouvant inclure des mécanismes basés ou non sur les marchés ». P 8 du document.
En clair, les parcs nationaux seront donc privatisés.
En plus des contraintes de conservation de la nature imposées, les calanques seront fermées au public. Il faudra payer un droit d’entrée.
Pour exemple : passer une semaine
Or, tous les chercheurs reconnaissent que les zones protégées sont détériorées par les populations qui y vivent, puisqu’elles ne leur appartiennent plus.
Par contre, les zones gérées par les communautés indigènes en Amazonie sont parfaitement protégées.
Ce n’est donc pas pour protéger la nature que l’UICN veut imposer des parcs nationaux partout, et qu’elle veut les étendre à 20% des territoires des pays.
C’est pour faire du profit.
Les aires protégées font partie des actifs financiers dans les documents du FMI. Ils pourront ainsi être échangés en cas de dette…
D’ailleurs, en mars dernier, des parlementaires Allemands ont proposé aux Grecs de donner leurs îles en échange de leur dette…
Béatrice de CROZET (Comité Ecologique de Sauvegarde de La Ciotat) Tél:06.24.02.40.89. E Mail: bdecrozet@gmail.com